Le travail en ITEP est, notamment par la nature des troubles des personnes accompagnées, vecteur d’un risque de maltraitance qu’il faut prévenir et empêcher. Dès lors, une réflexion continue sur la question centrale de bientraitance est nécessaire.
D’abord, l’expérience a montré que les postures bientraitantes de management et d’accompagnement des équipes favorisaient les climats bientraitants auprès des usagers. Une attention particulière portée aux méthodes de participation active des salariés et à un management responsable, responsabilisant et respectueux des personnes, sont les préalables indispensables à une approche bientraitante.
Cette question fait l’objet :
d’analyses de pratiques professionnelles à destination des éducateurs, maîtresses de maison, chauffeurs et veilleurs de nuit
d’une vigilance particulière de la part de chacun des professionnels, notamment les psychologues et chefs de service
d’une journée de travail pour l’ensemble des personnels dans le cadre des travaux d’écriture sur ce projet
de formations des nouveaux salariés sur les troubles du comportement.
Des outils institutionnels sont mis en place pour penser une approche bientraitante dans chaque projet d’ateliers, d’activités et de groupes.
Enfin, nous avons engagé un travail qui a permis d’aboutir à la mise en place d’un circuit des événements indésirables.
Les événements indésirables sont les faits ou situations ayant (ou pouvant avoir) des conséquences sur :
- La qualité de l’accompagnement,
- La sécurité physique ou psychique des personnes,
- La sécurité des biens.
Ces événements indésirables font l’objet d’une procédure identifiée et diffusée.
Le recours à la contention
La «contention» physique, consiste à maintenir de force un enfant.
Son usage n’est pas autorisé comme pratique éducative.
Dans tous les cas, elle n’est certainement pas adaptée aux situations suivantes :
- faire « craquer » un enfant pour qu’il parle
- retenir un enfant qui s’échappe du cadre
- garder son autorité face à un enfant
- reprendre un comportement inadapté.
La « contention », entendue comme processus thérapeutique, n’a pas, non plus, vocation à être utilisée en ITEP, en l’absence de protocoles clairement définis et validés par un médecin.
Dans le cas où la sécurité ou la santé des personnes (violences physiques graves sur les personnes, tentatives de suicide, mises en danger entraînant un risque grave ou vital…) est gravement menacée, l’intervention physique est exceptionnellement nécessaire.
Cette intervention doit se faire avec la plus grande maîtrise et bienveillance. Il ne s’agit pas de contraindre la personne mais l’empêcher. Il s’agit uniquement de mettre en sécurité le jeune ou le groupe.
Dans le cas où l’intervention physique n’a pas pu être évitée, cette intervention physique est parlée. Elle est parlée pendant (on dit ce qu’on fait : «je vais être obligé de te tenir») et reparlée après.
Il est important que cela se passe en toute clarté et transparence :
- au sein de l’équipe
- auprès des parents
L’information des parents est éthiquement, thérapeutiquement et réglementairement indispensable.
Ces interventions physiques font l’objet d’une attention particulière des psychologues et des chefs de service lorsqu’elles sont évoquées. Une note d’événement indésirable est systématiquement rédigée à l’issue de cette intervention.
Dans le cas où des «comportements-problèmes» entraîneraient le recours régulier à des interventions physiques, la mise en place d’un protocole les encadrant doit être mis en place en équipe interdisciplinaire, sous la supervision d’un médecin psychiatre, afin de sécuriser les professionnels qui encadrent les personnes présentant ces «comportements-problèmes».
Les comportements problèmes et la violence
En ITEP, les « comportements-problèmes » sont des manifestations de troubles du comportement dont la sévérité, l’intensité et la répétition sont telles que ces comportements génèrent des gênes très importantes pour la personne elle-même et pour autrui, de nature à bouleverser durablement sa vie quotidienne et celle de son entourage.
Les répercussions concernent :
- la qualité de vie des personnes (refus d’admission, rupture des prises en charge, absence de projet de vie, exclusion du milieu ordinaire, difficultés d’insertion, dont scolaire pour certains ou professionnelle pour d’autres, dégradation de la vie sociale, risques de blessures, etc..) ;
- leur santé (difficultés aggravées d’accéder à des soins somatiques et à une prise en charge de la douleur ; difficultés à prendre en charge la souffrance psychique à l’origine ou conséquence d’un « comportement-problème » ; difficultés à poursuivre la mise en œuvre d’interventions éducatives, comportementales, cognitives,…) ;
- le réseau social des familles (le « comportement-problème » d’un enfant conduit dans de nombreux cas à l’isolement social des familles, à de la souffrance psychique).
- les professionnels (risques de blessures physiques, risques psycho-sociaux, traumatismes et traumatismes vicariants), pour qui des espaces d’expression devront être réservés . Chaque accident de travail fait l’objet d’un entretien post-accident qui a lieu avant la reprise de poste.
Ces «comportements-problèmes», lorsqu’ils se présentent, sont évoqués en réunion interdisciplinaire et font l’objet de compte-rendus sur les conduites communes à tenir et stratégies thérapeutiques et éducatives.
Pour prévenir ces «comportements-problèmes», les projets de service prévoient des actions de sensibilisation, de réflexion et de prévention.
Les espaces de «calme-retrait» sont pensés dans le cadre de ces projets.
L’élaboration d’un protocole de gestion des comportements-problèmes doit faire l’objet d’un groupe de travail «Prévention de la violence».
Quelle que soit l’origine de ces comportements, l’interdit de violence est rappelé et garanti aux personnes accompagnées.