Dispositif ITEP L’ECLAIRCIE

Projet d’établissement du dispositif ITEP L’Eclaircie

L’histoire de l’Eclaircie

Le projet du dispositif ITEP est en phase de réécriture durant l’année 2023.
Cette page contient donc des éléments qui sont au travail.

De l’Institution de Rééducation à l’Institut Thérapeutique

Lors de sa création en 1949, l’ÉCLAIRCIE est d’abord un centre d’observation régional, situé route de Darnétal à Rouen. Géré par l’Association pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence de Normandie, l’établissement a pour mission de recevoir, d’observer, puis de réorienter des enfants orphelins de guerre ou présentant des problèmes sociaux.

Repris par le Centre Régional de l’Enfance et de l’Adolescence Inadaptées de Haute Normandie (CREAIHN), l’établissement devient en 1964 un «Centre d’Observation et de Réadaptation médico- psychologique».

C’est en 1984 que l’établissement s’installe à Barentin, sous la gestion de l’AMPER (Association Médico-Psychologique et Éducative de l’Arrondissement de Rouen.)

L’Institut de Rééducation l’Éclaircie est ensuite géré par l’Association Départementale des Pupilles de l’Enseignement Public de Seine-Maritime à partir du 1er janvier 1991.

L’Institution de Rééducation l’Éclaircie accueillait jusqu’en août 2003, 75 garçons de 8 à 18 ans sur 3 sites :

L’entrée dans l’établissement s’effectuait principalement sur notification de la Commission Départementale de l’Éducation Spécialisée (CDES).

L’Institut de Rééducation possédait également un agrément de l’«ASE» (Aide Sociale à l’Enfance) et «justice» (article 375 du code civil).

La trop grande concentration de jeunes sur Barentin avait déjà amené l’association à acquérir la structure d’Amfreville-la-Mivoie, permettant ainsi d’installer sur l’extérieur des jeunes en situation d’intégration professionnelle.

Cette décision a permis d’améliorer en partie la situation, mais les problèmes subsistaient encore sur Barentin ; une grande concentration d’enfants et d’adolescents était insécurisante pour les plus jeunes.

L’Institut de Rééducation l’Éclaircie a traversé des périodes de crises régulières, entraînant des épisodes de violence des enfants sur les personnes et les biens.

A cela, trois raisons principales :

L’application de la Loi d’orientation du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale   a offert à l’établissement l’opportunité de remettre en question sa pratique et de mener une réflexion sur son évolution.

L’ITEP s’étalait alors de Barentin à Amfreville, Barentin n’accueillant plus que 36 enfants :

Rouen Descroizilles permettait d’accueillir 16 adolescents de 14 à 16 ans.

Ces jeunes étaient scolarisés au sein d’une classe intégrée au collège Giraudoux de Rouen. Ils bénéficiaient d’une préformation professionnelle dans l’atelier «Maintenance des Bâtiments Collectifs» (MBC) encadré par un éducateur technique spécialisé.

Amfreville-la-Mivoie accueillait 12 adolescents et pré-adultes de 16 à 18 ans.

Certains (mais peu) de ces jeunes étaient scolarisés ou suivaient une formation professionnelle dans différents établissements : Centre de Formation des Apprentis (CFA), Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté (SEGPA).

D’autres jeunes participaient à des stages dans le but de trouver une insertion et/ou une orientation professionnelle. Cependant un trop grand nombre de ces jeunes n’avait pas de solution d’insertion et ne rentrait pas dans un processus d’intégration.

Ce dysfonctionnement n’a pas été sans poser un grand nombre de problèmes éducatifs et nous a amené à repenser notre politique d’établissement en terme de projet d’orientation des jeunes.

Entre 2005 et 2010, l’établissement vend son château et améliore les conditions d’accueil sur Barentin. C’est le début des accompagnements modulables ; l’établissement arrête ses accueils du samedi matin.

Entre 2010 et 2014, sous l’impulsion du directeur,  l’établissement   développe ses classes externalisées. Le « 100% des enfants dans leurs écoles » prend son sens ; les Parcours de Scolarisation par Alternance leur essor.

Une orientation plus précoce a alors été entreprise.

Notre volonté était de mettre en place une éducation à l’orientation où les trois dimensions, thérapeutique, éducative et pédagogique s’imbriquaient. Nous ne pouvions pas nous permettre de laisser sortir des jeunes de notre institution sans qu’ils soient positionnés dans une démarche d’insertion sociale, scolaire ou/et professionnelle.

En 2005, l’Institut de Rééducation L’Éclaircie devient alors Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique. C’est un changement fondamental puisque l’établissement n’accueillera alors que des enfants orientés par les toutes récentes MDPH (créées par la loi du 11 février 2005).

En 2007, c’est la création du SESSAD de l’Oison pour couvrir le territoire d’Elbeuf par redéploiement.

L’agrément est porté à 66 enfants, l’âge des admissions est porté à 6 ans. Le nouvel  agrément  prévoit  36   internes et 6 semi-internes sur Barentin. 18 adolescents sur l’antenne de Rouen Descroizilles et 6 jeunes sur la Structure Éducative d’Intégration de Mont Saint Aignan (l’antenne d’Amfreville La Mivoie disparaît).

L’ITEP l’Éclaircie accueille ainsi 66 usagers dont 60 ont moins de 16 ans.
L’année 2014 marque l’arrivée de l’expérimentation Dispositif ITEP. Jusque-là, l’établissement était contraint de solliciter la MPDH pour chaque changement  de   modalités   d’accueil  ou pour déployer des parcours de scolarisation inclusif. L’expérimentation va venir laisser la main aux familles et aux établissements pour déployer les modalités d’accompagnement.

C’est le moment de la transformation de groupe d’externes (Arc en Ciel) en Service Externalisé (le SSADDIE) ; la maison de Mont Saint Aignan  n’accueillant  plus que 1 à 2 jeunes, elle est transformée en Service Éducatif d’Intégration (SEI).

L’expérimentation touche à sa fin en décembre 2016 ; toutefois,  le  décret  est dans le circuit parlementaire dès septembre.

En janvier 2017, l’antenne de Dieppe ouvre ses portes par redéploiement (et mesures nouvelles) de l’IME de Rieux.

C’est le moment de l’arrivée d’un nouveau décret qui engage officiellement l’ère « Dispositif ITEP ».

En 2019, l’Education Nationale  décide  de supprimer le poste de directeur de l’Education Nationale : Alain MAILLY sera le dernier directeur de droit public.

Témoignages

Pierre DOMEC

Educateur depuis 1976

J’ai commencé à travailler dans le groupe des « Castors » en septembre 1976. Un éducateur est responsable d’un effectif de 12 enfants qui dorment dans un dortoir collectif de 12 lits. La chambre de veille permet de surveiller cette grande salle en enfilade. Un autre collègue, travaille à mi-temps chez les « Castors » et à mi-temps chez les « Loups ». Les enfants restent pour moitié, un week-end sur deux.<br>  <br> Pour assurer, les semaines sont de 40 heures avec possibilité d’effectuer 45 heures pour recevoir la prime de Noël.<br>  <br> Il n’y a pas de véhicule « 9 places » et une TV pour trois groupes, installée dans la salle à manger.<br>  <br> Qu’importe, lorsque l’on est jeune et motivé, l’animation d’un groupe donne des joies et des résultats surprenants. La vie de l’établissement est en effet proche du film « les Choristes » dans sa convivialité.<br>  <br> Le suivi des enfants dans leur famille est réservé à l’assistante sociale, le directeur et le chef de service, qui se répartissent la tâche.<br>  <br> L’été, l’établissement fait un transfert collectif avec tous les enfants et tout le personnel vers la mer ou la montagne. Ce séjour dure environ un mois.<br>  <br> Mais les conditions de travail évoluent vite. On parle fin 1976 d’embaucher des éducateurs pour qu’il y ait deux encadrants par groupe, on parle des 39 heures et la messe du dimanche matin n’est plus obligatoire ! Elle sera supprimée en 1977…

Catherine LEBOURG

éducatrice entre 1983 et 2019

« Je suis arrivée à l’Eclaircie, route de Darnétal en octobre 1983. A  cette  époque, il n’y avait pas d’atelier éducatif (sourire) mais seulement des temps d’atelier. Les garçons choisissaient : menuiserie, horticulture,  métallerie ou cuisine.<br> Les garçons allaient en atelier à partir de leur 14 ans. La journée ètait divisée en une demi- journée d’école et une demi-journée d’atelier. Ils allaient également en atelier le mercredi matin, c’était leur temps de technologie, le cours était dispensé par l’éducateur technique. Les garçons étaient ultérieurement présentés au CAP.<br>  <br> Les enfants de moins de 14 ans allaient en classe toute la journée. Quelques uns allaient en classe en milieu ordinaire dans le quartier, à plein temps.<br>  <br> En 1984, l’institution a déménagé à Barentin. Un groupe est resté route de Darnétal. Il s’agissait de jeunes qui ne semblaient pas en mesure de pouvoir intégrer d’ateliers ou de scolarité ordinaire.<br> A Barentin,l’atelier se présentait comme un véritable atelier professionnel, un grand espace, des machines outils, un éducateur technique, une tenue de travail,<br> Les règles étaient strictes : horaires, tenue adéquate, comportement, réalisations. L’atelier, plus professionnel qu’éducatif, voulait « soigner » et intégrer les garçons à la vie sociale par le biais du travail. Avec du recul, c’est vrai que le cadre de l’atelier remplissait une fonction structurante, rassurante pour les jeunes et les armait pour l’avenir.<br> Les temps d’internat étaient plus importants, ainsi les garçons rentraient le dimanche soir et ressortaient le samedi à 13h, la prise en charge était centrée sur la vie quotidienne.<br> Les activités éducatives s’y déroulaient.<br> Horaires du lever, temps à aider le jeune à sortir du sommeil, l’accompagner s’il a besoin de changer ses draps, lui rappeler la toilette, puis l’heure du petit-déjeuner, s’y présenter lavé et coiffé.<br> Chocolat au lait, pain, beurre  ou  confiture. Le petit -déjeuner est servi à partir de 7h30, mais les garçons ne peuvent s’y présenter au-delà de 8h car, après  le  petit-déjeuner ils participent aux travaux ménagers. Les retardataires peuvent déjeuner rapidement dans un coin de la cuisine juste avant de partir en classe ou en atelier mais cela n’arrive pas souvent.<br> Les éducateurs sont deux, généralement en couple éducatif, l’un en haut, l’autre en bas pour accompagner tout ce petit monde.<br>  <br> Midi, les éducateurs vont chercher les enfants en classe et en atelier, retour au calme, on mange ensemble, on apprend à  attendre que tout le monde soit servi pour manger, on apprend à se laver les mains avant de passer à table, on apprend à utiliser sa fourchette et son couteau même pour désosser sa cuisse de poulet, on mange bien, on a deux cuisiniers sur place , tous les deux talentueux.<br>À 17h, nous allions chercher les enfants à l’école et en atelier, il y avait un point sur la journée, une réunion traditionnelle, puis le goûter, puis les activités : foot, vélo, rollers, activités manuelles, douches, repas du soir, veillée et coucher…Il y avait aussi spéléo, escalade, photo…<br> A la fin des années 80, l’âge d’entrée en apprentissage est passé de 14 à 16 ans. Du coup, les ateliers tels que nous les avions toujours connus ont changé, les garçons n’avaient plus le droit de se servir d’outils électriques s’ils avaient moins de 16 ans. Les éducateurs techniques n’ont plus dispensé de cours de technologie en lien avec leur atelier, ils intervenaient sur les groupes le mercredi.<br> La population des ateliers a extrêmement rajeuni, les éducateurs techniques ont dû improviser de nouvelles activités : jeux de société,  plâtre,  tissage,  puis  maçonnerie. En cuisine, ils ne fabriquaient plus que des biscuits, seul l’atelier horticulture semblait bien vivre le changement, les enfants faisaient l’expérience de leur petit coin de jardin.»