Dispositif ITEP L’ECLAIRCIE

Projet d’établissement du dispositif ITEP L’Eclaircie

L’internat est construit comme un accueil thérapeutique de nuit

Le projet du dispositif ITEP est en phase de réécriture durant l’année 2023.
Cette page contient donc des éléments qui sont au travail.

Le décret portant création des ITEP rappelle d’abord que « Toutes les fois que cela est possible, les enfants, adolescents ou jeunes adultes résident dans leur famille ». C’est à travers ce prisme que s’oriente notre approche éducative de l’internat : travailler le retour ou le maintien en famille. Ainsi, l’internat ne saurait être considéré comme une fin en soi ou un régime de protection mais bien un outil au service du retour du jeune en famille.
L’internat doit être considéré comme une séquence de soins et d’apprentissages. Parfois, il sera envisagé comme un temps de répit. Mais en aucun cas, le temps en famille ne peut être une « valorisation » d’un bon comportement. De la même façon, le passage en internat ne peut pas être confondu avec une sanction ou pris dans l’urgence, sans concertation préalable.
Il s’agit d’offrir un accueil, pour un temps donné et avec des objectifs déterminés, aux personnes pour lesquelles un travail spécifique doit être entrepris. Si le maintien ou le retour en famille n’est pas possible ou que l’internat doit être considéré comme un espace de protection, il conviendra alors de solliciter les services de protection de l’enfance.
Il doit permettre des accompagnements par petits groupes au sein d’unités de vie et créer un cadre favorisant le respect de chacun et de son intimité. La personne doit pouvoir dormir seule dans sa chambre.

L’internat est un lieu où la personne accompagnée peut créer un lien privilégié

L’accueil de nuit permet de développer des relations avec d’autres personnes. Il permet pour les personnes accompagnées qu’on prenne soin d’elles, mais également, de prendre soin de l’autre (préparer son petit déjeuner, l’aider à faire son lit…).Ces attentions portées à l’autre permettent le développement de liens privilégiés entre elles et avec les personnes qui les accompagnent.

L’internat est un lieu d’accueil et d’écoute

L’internat n’est ni un milieu familial substitutif, ni une expérience de vie communautaire à visée pédagogique. Il est un milieu thérapeutique où un personnel expérimenté doit intervenir sur un plan clinique » .

Michel LEMAY

Ainsi, les attitudes, l’organisation de l’espace, du temps, le déroulement des temps de vie quotidienne, des activités doivent prendre en compte les capacités affectives, cognitives, sociales et corporelles de chaque personne accompagnée.
Pour cela, nous pensons que l’internat doit garder un effectif compatible avec ce travail et accueillir simultanément, lorsque cela est possible, entre 6 et 8 jeunes au maximum.
Les temps d’internat sont encadrés par au moins 2 professionnels, pour permettre une réelle personnalisation de l’accueil (en faisant des sous-groupes notamment). Cela permet également, lorsqu’un professionnel doit gérer une situation de crise, de maintenir un accompagnement rassurant pour les autres personnes.

L’internat est un lieu d’apprentissage et de prise en charge de soi-même

Pour que l’internat puisse être un espace thérapeutique, il doit situer les limites du possible et de l’interdit. L’intervention des éducateurs au quotidien va chercher à ouvrir à chaque enfant ou adolescent considéré dans sa singularité, un espace relationnel qui le sollicite. L’intervention éducative a pour objectif d’inviter chaque personne à travailler sa subjectivité, ses représentations personnelles, son rapport au monde, aux autres, à lui-même, sa manière d’aborder les savoirs, les connaissances, grâce à une mise en situation d’expériences nouvelles pour lui.
L’internat cherche donc l’instauration d’une dynamique collective (notamment par la socialisation et les relations à autrui dans le cadre d’un collectif d’enfants, adolescents ou jeunes adultes dont les âges et les centres d’intérêt sont proches) et un travail « au cas par cas ». La personne peut puiser dans ce qui lui est donné à vivre, à ressentir, à négocier, à partager, à réparer, pour situer ses propres limites et celles de la société, pour structurer ainsi les éléments de sa maturation.
L’éducateur, en internat, aide la personne à rassembler les différentes interventions qu’elle a eu dans la journée pour qu’elles prennent du sens.
Il prépare également, avec la personne, la journée du lendemain et l’aide à se repérer dans les différents accompagnements prévus pour lui.

L’internat permet l’apprentissage lié à la vie quotidienne

Tous les moments tels que les repas, les levers, les couchers, le temps des devoirs, l’entrée à l’école, la sortie de l’école, etc, qu’ils soient formels ou informels, viennent ponctuer le quotidien de la personne accompagnée. Ce sont des repères qui la sécurisent et qui participent à son apaisement. Ils ne doivent pas être uniquement des moments de vie, vide de sens. Ils font partie intégrante de notre accompagnement éducatif. Ils sont pensés et réfléchis afin d’être adaptés à chaque personne.
Parfois, ces règles de vie sont en décalage avec les repères qu’elle s’est déjà construits. Dès lors, il arrive que ces règles viennent la percuter et qu’elle refuse de les appliquer. La contrainte n’est jamais une solution et seul un travail d’explication, vecteur de sens, doit être engagé. Il lui faut articuler les repères subjectifs qu’elle s’est construites avec les repères qui lui sont proposés. Seule cette articulation permet de ne pas la déraciner.

L’internat suppose l’accompagnement de la famille

L’accueil en internat des personnes accompagnées doit nous inviter à renforcer nos accompagnements de la vie familiale et de la parentalité.
Pour que l’accueil de nuit puisse être au bénéfice de la personne accompagnée et de son lieu de vie habituel, l’accompagnement de la famille permet le transfert des repères et du mouvement que la personne a pu mettre en œuvre. Parfois la personne change, mais son lieu de vie ne voit pas ce changement. Ainsi, ces séquences d’internat sont construites et évaluées étroitement avec les parents des enfants et adolescents en internat. Cela permet, d’abord, de respecter certains habitus familiaux mais également de permettre les transpositions dans le milieu familial d’attitudes facilitatrices.
Cet accompagnement au domicile doit être engagé en parallèle de la mise en place d’une séquence d’internat.

L’internat permet les activités éducatives collectives

Elles sont des temps importants dans le quotidien des enfants. Elles sont encadrées par les éducateurs et discutées avec les personnes, pour les personnes. Elles favorisent une bonne cohésion du groupe, nécessaire à la reconnaissance de la place de chacun dans ce groupe. Le groupe peut alors devenir autorégulateur de la vie psychique de chacun en évitant de générer des situations d’excitation.
Les activités sont pensées et réfléchies en équipe interdisciplinaire. Elles s’inscrivent dans le cadre des séquences d’accompagnements. Elles s’adaptent, au plus juste, à leurs capacités pour ne pas risquer de placer les personnes en situation d’échec.
Elles permettent le renforcement de l’estime de soi, l’expérimentation, l’autonomie, un travail de partage de sentiments, de ressentis avec ses pairs. Lors de ces activités de groupe est également travaillée la gestion des émotions : colère, frustration, attente, joie… L’objectif de l’accompagnement éducatif doit permettre à l’enfant de mettre des mots sur ses émotions, de les verbaliser, de les exprimer autrement que dans l’agir.

Le « CONSEIL»

Le conseil a lieu régulièrement. Dans ce lieu de parole et pendant ce temps d’échange, pour la vie du groupe, on y apprend à écouter, parler, respecter l’autre dans ce qu’il est et ce qu’il dit. Le « conseil » permet le débat d’idées et l’échange d’opinions. Ce moyen pour éduquer à la citoyenneté favorise la régulation du groupe.
C’est un moment privilégié de la vie du groupe. Les personnes peuvent aborder et discuter entre elles de leur vie au quotidien. C’est aussi pendant ce temps, qu’elles s’expriment et élaborent les règles de vie, débattent des projets, de la gestion du budget des activités éducatives et de loisirs. Il est un lieu d’élaboration des conflits, espace indispensable à la réduction des risques de violences.
L’éducateur présent permet la médiation et la sérénité des échanges. Il est garant de la faisabilité et du réalisme des propositions. C’est un moment où l’adulte peut ramener le sens des règles pour une vie en collectivité. Il permet de faire se rencontrer deux principes : celui du désir et plaisir et celui de la réalité. Cette rencontre est structurante pour les personnes accompagnées puisqu’elle vient engager un processus de réflexion autour de : « qu’est-ce que j’ai envie de faire ? » et « qu’est-ce qu’il m’est possible de faire ? ».
L’enfant est alors confronté aux limites du possible et de l’interdit, posées par le cadre et par les autres.
Cette instance permet aussi à chacun de se déterminer dans une prise de responsabilité pour l’organisation de la vie quotidienne. Mener à bien ses responsabilités et en rendre compte au reste du groupe contribue à améliorer l’estime de soi et à développer l’autonomie et la confiance en soi. Elle permet d’éveiller son esprit critique et de préparer un argumentaire.

Le projet de fonctionnement

Avant chaque rentrée scolaire, l’équipe interdisciplinaire définit un projet de fonctionnement du groupe d’internat qui reprend :

Ces éléments sont travaillés au sein de chaque équipe interdisciplinaire, avec le responsable du service, grâce à l’outil « Projet de Fonctionnement ». Il est également travaillé avec les personnes accompagnées à chaque fois qu’il doit être modifié. Il fait l’objet d’une communication vers les responsables légaux des personnes accompagnées.