Version du projet d’établissement 2019-2022
Les principes d’organisation déterminent le fonctionnement des équipes interdisciplinaires, leur articulation, leur coopération.
Ils définissent la répartition des ressources sur les territoires.
Le dispositif ITEP s’est engagé dans l’intégration des services
L’intégration des services est une méthode qui associe tous les acteurs engagés dans l’accompagnement des personnes grâce à une démarche novatrice.
Elle fait l’objet d’une préoccupation internationale depuis les années 1990 et fait partie des politiques publiques en France depuis 2008. L’intégration va plus loin que la coopération, qui repose seulement sur un principe de coordination. L’intégration conduit tous les acteurs à coconstruire leurs moyens d’action, leurs outils collaboratifs, et in fine à partager les actions elles-mêmes et la responsabilité de leur conduite. Cette approche permet d’apporter une réponse décloisonnée, harmonisée, complète et adaptée aux besoins de la personne accompagnée (accueil, information, orientation et mise en place de soins, d’aides ou de prestations), quelle que soit la structure à laquelle elle s’adresse.
Ainsi, le Dispositif ITEP L’Eclaircie s’engage, avec ses partenaires, à construire une offre de réponse territorialisée en se tournant vers le développement de plateformes de services d’accompagnements, conformément aux préconisations du rapport IGEN IGAS.
L’intégration des services peut permettre une meilleure fluidité des parcours sous réserve de respecter certaines conditions.
La possibilité de nouer des relations de confiance en est la première. En effet, la plateforme doit être un outil d’accompagnement à dimension humaine et permettre aux personnes d’être accompagnée sur toute la durée de leur parcours.
La seconde est que la plateforme doit être un outil de meilleure coordination et d’amélioration des réponses apportées, en renforçant la continuité des accompagnements. Il s’agit d’éviter le morcellement des accompagnements.
Enfin, le respect de la temporalité des personnes accompagnées en est la troisième. Nous voyons régulièrement des « hauts et des bas » qui nécessitent du temps et du recul.
Révisions
Le dispositif intégré montre aujourd’hui sa force, en proposant des modalités sur l’ensemble de ses antennes. Il structure une offre d’accompagnement grâce à sa connaissance fine des besoins des enfants.
Or, les plateformes de service montrent déjà leurs limites sur plusieurs territoires. Usines à gaz, elle offre une approche technocratique à un besoin d’intervention directe.
Cette partie est donc à supprimer
Le dispositif ITEP a territorialisé son offre de SOINS
La territorialisation de l’offre de soins (impulsée par l’ARS) a permis la naissance de l’antenne de Dieppe.
Pour développer notre offre de prestations au plus près du domicile , nous souhaitons pouvoir proposer l’ensemble des modalités d’accueil sur différents points du territoire.
Être au plus proche des lieux d’habitation des personnes accompagnées permet de mieux appréhender les réalités sociales et économiques des personnes que nous accompagnons. Cela permet d’être identifié, accepté et reconnu par les personnes accompagnées, les familles, les partenaires. Cela permet également de faciliter le maintien ou le retour en milieu ordinaire.
La proximité évite un déracinement de la personne accompagnée et le brouillage des repères qu’elle a construit.
Toutefois, nous ne saurions construire, une réponse complète sur l’ensemble des territoires pour des raisons techniques, matérielles et humaines.
Pour cela, nous devons, à cet échelon territorial, penser notre structuration en terme d’antennes proposant une offre complémentaire aux autres antennes. Les antennes accueillent des personnes accompagnées d’autres territoires, sur des temps donnés, pour des besoins précis.
L’idée est bien de proposer une offre globale (l’ensemble des antennes du Dispositif ITEP réuni en Dispositif avec les autres ITEP de la région), adaptée aux besoins des personnes accompagnées (en permettant la fluidité entre les différentes modalités d’accompagnement) à proximité de leurs lieux de vie.
Le dispositif l’ITEP est un lieu de soins pluridisciplinaire
L’accompagnement en ITEP ne saurait être une expérience de vie communautaire alternative à la vie ordinaire.
Il ne saurait être, non plus, un lieu de rééducation des comportements déviants.
C’est pourquoi nous pensons que l’ITEP n’est pas un lieu de vie mais un lieu de soins.
Il ne convient donc pas, dans son fonctionnement, de le penser comme un fonctionnement familial ou même s’en rapprocher.
L’expérimentation des limites du possible pour trouver ses propres limites : la dimension Éducative
La dimension éducative de l’accompagnement doit guider les actions de l’ensemble des professionnels qui interagissent avec la personne accompagnée. Elle ne saurait être de la seule responsabilité des éducatrices et éducateurs.
La circulaire de 2007 donne des contours très précis sur cette dimension éducative.
Dans le cadre institutionnel qui situe les limites du possible et de l’interdit, l’intervention au quotidien va chercher à ouvrir à chaque enfant ou adolescent considéré dans sa singularité, un espace relationnel qui le sollicite. Cette intervention a pour objectif d’inviter chaque jeune à travailler sa subjectivité, ses représentations personnelles, son rapport au monde, aux autres, à lui-même, sa manière d’aborder les savoirs, les connaissances, grâce à une mise en situation d’expériences nouvelles pour lui.
Circulaire de 2007
Confronté fermement mais avec bienveillance aux conséquences de ses actes y compris transgressifs, chaque enfant ou adolescent, par un travail d’élaboration des vécus émotionnels, peut apprendre à se constituer des références et des valeurs, penser sa manière d’être, son devenir.
Les propositions éducatives recherchent à la fois l’instauration d’une dynamique collective et un travail « au cas par cas ». Le jeune peut puiser dans ce qui lui est donné à vivre, à ressentir, à négocier, à partager, à réparer, pour situer ses propres limites et celles de la société, pour structurer ainsi les éléments de sa maturation.
Quelles que soient les modalités de sa mise en œuvre (dans ou hors les murs), l’accompagnement éducatif vise :
- le soutien à la scolarité ;
- le soutien à la dimension thérapeutique ;
- le soutien à la parentalité ;
- l’apprentissage et la prise en charge de soi-même ;
- la restauration de l’estime de soi, de son potentiel, de ses limites ;
- la socialisation dans le cadre d’un collectif d’enfants, adolescents ou jeunes adultes dont les âges et les centres d’intérêt sont proches (dans ou hors les murs) ;
- l’ouverture au monde par le biais d’activités sportives, culturelles, de découverte, de travaux manuels, de jeux… ;
- le soutien des potentialités intellectuelles et la réconciliation avec les savoirs par l’éveil à la culture, l’accompagnement à la scolarité ;
- l’acceptation des réussites comme des échecs en tant qu’outil d’apprentissage ;
- l’accès à la découverte du milieu professionnel dans la perspective d’élaboration d’un projet de formation.
La construction de relations positives, congruentes et d’écoute permet de confronter les personnes que nous accompagnons aux conséquences de leurs actes, y compris transgressifs. Cette confrontation doit permettre un travail d’élaboration des vécus émotionnels. C’est par l’élaboration, issue de son expérimentation du monde, que la personne accompagnée va construire ses références.
C’est pourquoi le recours aux pratiques violentes ou rééducatives, en plus d’être interdites, sont particulièrement inefficaces.
Il faut se souvenir de ce que PIAGET (cité dans le texte par Tony LAINÉ) dit de l’agir.
«Je voudrais rappeler une idée de Piaget, selon laquelle le monde des choses constitue, dans le développement de l’enfant, la première phase des rapports de l’enfant à la réalité. Ce « monde des choses » essentiel au développement de l’enfant n’est pas simplement un monde dans lequel l’enfant se trouve confronté à des choses, où il regarde, où il perçoit des choses. Le stade du monde des choses est un stade centré sur l’action de l’enfant. Ainsi, dans son premier rapport l’enfant n’est pas un réceptacle passif. Il faut comprendre et concevoir d’emblée la première rencontre de l’enfant avec le monde des choses comme un rapport d’action de l’enfant sur les choses.
Tony LAINÉ citant Jean PIAGET
C’est à partir de mouvements vers les choses qui visent à les manipuler, les transformer, les combiner que le premier rapport de l’enfant au monde, moment essentiel dans son développement psychologique, va pouvoir s’entreprendre.
Dans l’optique ainsi définie, l’action propre est ce qui nous personnalise. Ainsi, à partir d’une action, le réel va se construire, s’organiser dans la vie psychologique de l’enfant. À partir de cette action concrète, l’intelligence se développe puis est mise en œuvre à son tour pour aider l’action. L’intelligence se développe comme une nécessité instrumentale dans cette action propre de l’enfant sur le monde des choses. Elle se structure avec l’installation, dans la vie psychologique de l’enfant, des grandes notions psychologiques comme celle d’espace.
Pour agir, il faut concevoir les rapports des choses dans l’espace. C’est également le temps, le rythme, la succession, la causalité, c’est-à-dire les rapports qui enchaînent les différents phénomènes les uns aux autres. L’essentiel dans cette évolution, est que « c’est par l’action propre de l’enfant sur les choses que sa personnalité psychologique et intellectuelle se réalise »
La dimension éducative des accompagnements proposés par le Dispositif ITEP L’Eclaircie s’appuie sur les méthodes actives et vise à aider la personne accompagnée à appréhender le monde qui l’entoure. Pour cela, elle doit pouvoir en faire l’expérience. Ainsi, cette dimension éducative vise à aider la personne à se confronter aux limites du possible (et parfois de l’interdit) pour comprendre ses propres limites.
Il faut donner du sens, donner un sens aux productions, aux objets, aux activités, aux gestes, aux situations. Une des conséquences de l’infiltration idéologique pernicieuse de notre société, c’est que le sens des objets, le sens du travail, le sens des choses et des situations est de plus en plus vidé, perdu. Donner un sens, c’est une expérience capitale, et pas seulement pour les enfants, mais pour nous aussi. C’est une source de plaisir sans cesse renouvelée. Donner un sens, c’est d’abord donner un sens par la parole : il faut parler des choses, articuler la parole avec l’activité. Il faut en parler pour que le langage vienne s’accrocher avec la chose, pour lui donner une signification.
Tony LAINÉ citant Jean PIAGET
Une approche à visée soignante
Comme nous l’évoquions sur notre conception du projet personnalisé, il ne saurait exister de théorie absolue quant à la manière d’accompagner une personne en ITEP. Ainsi, toute approche éducative, thérapeutique ou pédagogique ne saurait être enfermée dans un dogme idéologique.
Nous considérons que la manière d’aider une personne à résoudre ses problèmes doit toujours être développée sur mesure, pour pouvoir répondre à ses besoins uniques. C’est pourquoi notre organisation doit favoriser la pluralité des approches thérapeutiques.
La circulaire de 2007 vient préciser la dimension soignante attendue des ITEP
Les interventions du pôle thérapeutique ne sauraient être isolées de l’ensemble des autres aspects de la prise en charge et ne peuvent en aucune manière se réduire aux interventions isolées de psychiatres, de psychologues cliniciens, d’orthophonistes ou psychomotriciens… Ce serait d’ailleurs une erreur d’évaluer la qualité soignante d’un ITEP au seul nombre des psychothérapies ou prises en charges individuelles dispensées. En effet si certains jeunes ont besoin de ces soutiens personnalisés, le cadre institutionnel lui-même doit revêtir une dimension soignante qui s’appuie sur
Circulaire de 2007
des activités éducatives et pédagogiques de qualité.
De ce point de vue, les éclairages spécifiques apportés par le psychiatre et le psychologue, à l’occasion des réunions d’actualisation de projet personnalisé ou des réunions de synthèse, sur la dynamique évolutive de chaque jeune, représentent une contribution essentielle à la prise en charge en ITEP. L’évolution de chaque enfant est subordonnée à des mouvements affectifs qui déterminent des phases de progrès ou au contraire de stagnation voire de régression. Ces mouvements ont tout autant à voir avec le vécu antérieur de l’enfant ou de l’adolescent, le mode d’échange qu’il a instauré avec ses parents, qu’avec les relations avec les éducateurs ou les enseignants. Ces dernières sont elles-mêmes tributaires de la capacité de ceux-ci à faire face aux réactions induites par le jeune. Il importe donc que ces affects ou attitudes puissent être pris en compte et dans la mesure du possible élucidés par ces professionnels
Notre mission est de faciliter la «traduction» des attitudes des personnes accompagnées auprès des familles, enseignants, employeurs… Elle est de tenter d’expliciter le sens des actes des personnes accompagnées pour une meilleure compréhension et acceptation des particularités de leur comportement.
Le psychiatre et le psychologue faciliteront la compréhension des aspects psychodynamiques. Les expériences éducatives ou pédagogiques peuvent ainsi être l’occasion, au-delà de leurs finalités premières, de saisir l’enfant ou l’adolescent dans ce qu’il a de singulier, ce qui permettra en retour les ajustements nécessaires.
Circulaire de 2007
Ainsi, la dimension soignante de notre accompagnement ne se résume pas en une succession ou juxtaposition de suivis thérapeutiques. La qualité des activités éducatives et pédagogiques, le soutien apporté aux suivis individuels de l’équipe thérapeutique sont autant de facteurs soignants. Adopter une relation d’étayage avec une personne est soignant.
Valoriser les compétences d’un parent auprès d’un enfant et le réintroduire dans l’éducation de son enfant, c’est adopter une posture soignante. Les éclairages apportés par les psychiatres et les psychologues sont alors autant de contributions essentielles à la mise en place des activités.
La co-construction interdisciplinaire, et avec la personne accompagnée, des projets est la condition de réussite d’une visée soignante des accompagnements.
La dimension pédagogique
L’ITEP favorise le maintien ou prépare le retour des jeunes qu’il reçoit dans les écoles ou les établissements scolaires. À cette fin, sous la responsabilité de son directeur et conformément aux objectifs fixés pour chaque enfant à partir du projet personnalisé de scolarisation (PPS), l’ITEP, et en particulier l’unité d’enseignement, contribue à assurer, avec l’ensemble des membres de l’équipe de suivi de la scolarisation, la continuité de son parcours scolaire, en permettant ses apprentissages et la poursuite de son parcours de formation.
Circulaire de 2007
De la même façon que les deux précédentes dimensions, la dimension pédagogique doit être portée, pour la personne accompagnée, par l’ensemble des personnes qui l’accompagnent.
Si le recours à des temps de scolarisation en individuel est privilégié sur une séquence, ils doivent permettre, dès que la dynamique évolutive de la personne accompagnée le permet, d’envisager la mise en place d’une scolarité en milieu ordinaire à temps partiel voire à temps plein, ou l’augmentation du temps de présence à l’école ou au collège.
Les résistances à cela, les efforts que cela demande, l’éventuelle souffrance que cela peut revêtir sont pris en compte dans la démarche de retour en scolarité de droit commun.
Il ne s’agit pas d’attendre que la personne soit « prête à » vivre des moments « en dispositif de droit commun », mais au contraire de la mettre en situation de les vivre pour en faire l’expérience.
Une vigilance aux allers-retours trop fréquents est garantie par la capacité des équipes interdisciplinaires à réévaluer la situation.
Cela requiert alors l’investissement de l’ensemble des personnes qui accompagnent la personne. Les échanges et les concertations régulières entre toutes les parties concernées, la préparation de l’accueil, l’évaluation conjointe, le souci de préservation d’un cadre acceptable pour tous, demandent des régulations fréquentes et des temps d’échanges réguliers.
Le dispositif ITEP est un espace ressources pour le territoire
Le décret de 2005 puis la circulaire de 2007 abordent le rôle de l’ITEP comme collaborateur des CDAPH en lui attribuant un rôle en matière de ressources disponibles.
Rappelons que l’orientation est loin d’être évidente, en particulier en présence d’enfants ayant des difficultés psychologiques entraînant des troubles du comportement, rendant difficile une scolarisation ou une socialisation, sans toutefois présenter de déficience cognitive.
L’organisation du Dispositif ITEP doit alors permettre aux professionnels de l’équipe interdisciplinaire de participer aux évaluations, au côté des établissements scolaires, des CDAPH, des établissements médico-sociaux, afin de déterminer si la situation répond à l’indication précise de ce type de structure.
L’expertise des professionnels d’ITEP est encouragée pour faire du Dispositif ITEP Eclaircie un pôle de compétences et de ressources.
Laisser un commentaire